Plongeon en écriture noire
Quand Pop jouait, quand il soufflait son âme dans le tuyau, de ses lèvres fendues à l'extérieur du cuivre de la famille, on aurait dit, et c'est certainement vrai, que dans cette vie, l'unique dénominateur commun, c'était la musique. L'air de Pop était tellement pâle, incandescent et éthéré à la fois, qu'il semblait que plus il soufflait fort, plus ce qui sortait de son cuivre était silencieux, comme si son existence en ce monde, plus qu'une intrusion ou une interjection, était au contraire absorbée, incarnée. Pop se dirigeait vers le silence. Ca se comprenait, c'était la seule solution : quand l'homme fait de la musique pour des dieux morts ou depuis peu oubliés, il cherche à réduire au silence tout le bruit qu'il a pu faire, le bruit qui les a chassés vers des espaces plus silencieux. Ce n'est que dans le silence qu'on distingue les murmures des dieux, ils sont tellement subtils, tellement calmes.
Bienvenue à Oakland, Eric Miles Williamson