Home sweet home
Avoir bon goût, je ne crois pas que ça existe. Avoir un goût sûr, mais qu'est-ce qui est sûr. Ces derniers temps beaucoup de discussions ont tourné autour du juste. Je n'étais pas à l'aise. Je peux dire par exemple, et sans rougir jusqu'aux chaussettes, que certaines parures de mes vingt ans me paraissent plus que ridicules aujourd'hui. D'autres, parfois, me manquent. Au présent je sais ce que j'aime et ce que je n'aime pas, j'essaye d'être fidèle à moi-même dans ma marche vers le rêve. Je tâtonne, gaiement, car je suis de celles qui se réjouissent de l'évolution constante.
Alors je m'arrête sur cette phrase, entendue une fois encore sans l'avoir relevée.
Je ne m'arrête pas sur ceux qui me l'ont dit, oh non, je m'arrête sur ce qu'elle dit de nos égos. Comme tout le monde j'estime que les couleurs, les formes, les étoffes, les œuvres et les styles que j'adopte sont « beaux ». Mais les bons, ça, je m'interroge. J'ai connu des personnes persuadées d'avoir énormément « de goût », et frôler pourtant régulièrement la « vulgarité ». Je n'ai jamais rien dit car j'ai toujours considéré que la définition de la « vulgarité » était sommes toutes personnelle. Une affaire de goût, au bout du compte.
Ce qui est sûr, plus que le goût, c'est l'identité. Ce qui nous ressemble fait notre visage, et vice-versa. Alors le temps passe, les reflets changent, les rides et les coutures apparaissent. Je me regarde, je constate avec sérénité que je ne me souviens pas toujours de celle que j'étais. Bien moins que de celle que je souhaite être. Je ne sais pas si c'est normal ou anormal, je sais que c'est ainsi, que cette réalité est la mienne.
Ce soir, j'ai compilé les décors de chambres à coucher dans lesquelles je m'allongerais bien. J'y vois des couleurs, des motifs qui m'envolent. Je sens déjà l'air pur des nuits complètes. J'imagine que certains verront trop de frous-frous ou encore un manque de simplicité. J'y vois moi ma petite musique du moment, les fleurs qui s'étalent sur des murs profonds, un rien de folklore sur fond d'ailes déployées. J'adore ces images, elles sont mes cartes à jouer. Elles sont le nuancier de mon futur. Elles ne sont pas du meilleur goût, elles sont fidèles au monde tel que je le conçois : éclatées mais ensemble.